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Bataille de Seneffe - 11 août 1674 (2)

Les troupes et les chevaux de Condé se battent depuis 3 heures du matin et sont à bout de souffle. Les renforts n’arrivent qu’au compte-goutte, après un trajet de 6 kilomètres hérissé d’obstacles et inaccessible à l’artillerie. Condé décide toutefois d’attaquer la position de Fayt avec une manœuvre d’encerclement. Guillaume d’Orange, qui a réorganisé ses forces, lui oppose toutes les troupes dont il dispose, soit environ 50 000 hommes.

Le dispositif d’attaque de Condé comprend 16 régiments de cavalerie et 1 régiment d’infanterie à l’aile droite. Le centre, réparti en 3 colonnes d’attaque composée uniquement d’infanterie. L’aile gauche, sous le commandement du duc de Navailles, regroupe 16 régiments de cavalerie dont Enghien-Cavalerie.

A 15 h 30, l’attaque est lancée et le centre occupe le village de Fayt, au prix de randes pertes. L’infanterie ennemie, plus reposée et mieux ravitaillée, repousse les français aux abords du village. Condé ordonne alors un mouvement tournant et le Duc de Luxembourg parvient à faire rompre l’aile gauche ennemie. Ce succès est de courte durée car 3000 cavaliers allemands, frais et reposés, bousculent aisément les 400 cavaliers français dont « les chevaux ne tiennent plus debout ». La cavalerie française de replie dans les vergers qui entourent Fayt.

A l’aile gauche, d’autres combats font rage. Alors que Navaille prépare une attaque, 5 escadrons ennemis chargent. Navaille contre-attaque mais se heurte à 5 escadrons allemands arrivés en renfort. Attaques et contre-attaques vont se succéder jusqu’à la nuit. Les impériaux tentent une dernière charge qui est repoussée par les régiments d’Enghien-cavalerie, de Paulmy, de Chevrier et de Gournay.

La nuit est maintenant tombée mais la bataille continue. Personne ne tente de mouvement mais chacun garde ses positions. La lune se cache à 23 h 00, mettant le front en sommeil jusqu’à 1 h 00 du matin où un coup de feu met les deux armées en émoi. Condé et le Prince d’Orange comprennent que leurs troupes ont atteint la limite de la résistance et ordonnent tous les deux le repli. La sanglante journée de Seneffe est enfin terminée.

Le bilan :

En capturant 107 drapeaux ou étendards qui seront exposés à Notre-Dame de Paris, Condé y gagne le surnom de « tapissier de Notre-Dame ». Cette bataille a coûté 3000 morts et 4000 blessés côté français et 8 000 morts ou blessés dans l’autre camp. ( 11 000 selon d’autres sources).

Les deux camps revendiqueront la victoire, et il est difficile de trancher, au vu des pertes, en faveur de l’un ou de l’autre. Sur un plan stratégique, cette bataille aggravera encore les divergences entre les alliés qui se rejetteront la responsabilité de l’arrêt de la marche sur Paris. Plus question d’aller envahir la capitale française, ils devront se contenter du siège d’Aubenarde.

L’histoire retiendra aussi la blessure de Condé, sauvé par son fils, le Duc d’Enghien.

Source : Hardÿ de Périni, Édouard . Batailles françaises. 1894, domaine public-BNF

Le duc d’Enghien sauve son père ( photo wikipédia)